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Un saut en parachute

Parfois certaines expériences personnelles peuvent prendre une dimension inattendue. C’est ce qui m’est arrivé récemment lors d’un saut en parachute en tandem. Il y a deux ans lors d’un moment de doute j’avais lu le livre « Changer d’altitude (2016) » de Bertrand Piccard. Sa lecture m’avait beaucoup inspirée en termes de « Oser » et lâcher-prise pour laisser de l’espace à autre chose. L’idée de sauter dans l’inconnu, mais avec des protections et des permissions, m’avait ouvert une nouvelle perspective et permit de rebondir professionnellement. 

Et l’idée de faire un saut en parachute s’était ainsi progressivement glissée dans mes projets. Et lorsqu’un proche m’a dit qu’il avait envie de faire un saut en parachute, je n’ai pas hésité une minute. 

Un dimanche d’octobre, je me suis retrouvée dans un pilatus, harnachée à un moniteur, explorant mon vécu dans l’instant présent, écoutant mon ressenti et prenant de l’altitude. A un moment nous étions à 4500m, un jeune parachutiste a ouvert la porte et là, j’ai commencé à avoir peur. Tout est allé très vite, je n’ai pas eu le temps de penser, je me suis retrouvée dans le vide et le moniteur a sauté. J’ai ouvert les yeux et je tombais en regardant les alpes. Les joues creusées par la chute.

Au-delà du sentiment euphorique que j’ai ressenti durant cette expérience puissante et trop courte, elle s’est avérée un puissant levier thérapeutique, notamment en partant de la métaphore du lâcher prise et de liens avec l’AT. Lors d’une séance de thérapie j’ai mis en avant tous les éléments qui m’ont rassuré (Protection) et qui ont fait que j’ai pu dépasser une peur (Permission) et vivre cette expérience forte dans la confiance : la sécurité et l’attention qui y est mise, comme par exemple l’expérience du moniteur : 7 ans de formation, l’explication du fonctionnement du parachute du secours et le temps nécessaire pour le replier – 3 heures – par un spécialiste spécialement formé. Et après il y a ce truc magique : être assise dans l’avion avec le moniteur dans mon dos qui me parle. C’était extrêmement contenant, protecteur. 

Et puis il y avait le vent, le bruit du vent, un bruit nouveau et puissant, celui de la chute libre. Ayant fait de la voile en mer, je sais aujourd’hui que le vent et la vitesse liée aux éléments ont une signification particulière pour moi et m’amène dans un ressenti intérieur très particulier. La narration du saut et d’une expérience particulière avec la voile m’a fait prendre conscience de l’impact qu’à le vent et le son ont sur moi et mon corps. Toutes ces sensations contribuent à m’aligner et être dans le présent. La connexion avec ces ressentis corporels m’ont amenée dans une sorte de transe, où j’ai senti mon corps, mes cellules vibrés intérieurement, comme si des espaces internes se remplissaient d’un fluide.

Le travail thérapeutique soutenu par l’analyse transactionnelle est une aventure de tous les jours qui va au-delà des journées des formations, des rendez-vous thérapeutiques et qui pour moi s’intègre par moments dans mon quotidien. La métaphore est une élément qui peut être puissant sur mon chemin de la connaissance de soi. Mais surtout j’y vois la puissance de certains éléments théoriques. 

La notion de permission est un élément clé : la permission de se dépasser, d’oser, donner par autrui et au fur et à mesure que je grandis : le rôle de la voix masculine en lien avec l’EdM d’un parent nourricier bienveillant. La protection : faire des choses en étant consciente de risques et en mettant ce qu’il faut en place pour réussir avec les risques minimums et construire la confiance avec les autres et à l’intérieur de moi. Ce qui conduit à un sentiment de puissance et d’exaltation, sans tomber dans une euphorie. J’y ajouterai le côté contenant qui renforce la confiance et la tranquillité que cela soit celle du thérapeute avec son intuition, sa perception fine de mon vécu et celui de personnes avec qui j’ai interagi, par ex. le moniteur. Enfin, le corps dans lequel s’inscrit le vécu de l’enfant, de l’adulte, mémoire de nos vécus, qui parfois il faut aller au-delà et permettre au mental de débrancher et de toucher, ce qui ne peut être dit.